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PRESSE France Dimanche - Mars 2007 Elle vient de mourir brusquement à Paris, à 71 ans... CHARLES DUMONT: Il pleure Sophie, sa fidèle complice Il pleuvait sur Paris, ce vendredi 9 mars et les amis de Sophie Makhno que l'on enterrait cet après-midi-là, dans le cimetière ancien d'Aulnay-sous-Bois (93), ont attendu plus de trois heures dans le vent et le froid la venue de celle dont la mort, à 71 ans, semblait bien irréelle car si soudaine. Talents «Françoise a choisi de prendre le prénom de sa fille, Sophie pour signer tous ses textes, poursuit encore Charles Dumont Écrivain, parolière, journaliste, chanteuse, femme d'affaires, elle avait tous les talents. Je lui dois ma carrière de chanteur. Je suis un angoissé chronique, je doute constamment. Françoise se pointait aux premières avec sa voix calme. Sa seule présence dans la salle me permettait de dépasser cette douleur que provoque le trac.» Sermon «Françoise m'a bousculé d'un : "Vous êtes à côté de vos pompes. Vous devez oublier Piaf quand vous écrivez la musique d'une chanson. Tenez : voici un texte que j'ai écrit, faites la musique en ne pensant qu'à vous." C'était Ta cigarette après l'amour. Depuis, Françoise a écrit les deux tiers de mes chansons, les plus belles, celles que je chante toujours avec le même bonheur. Les chansons de Françoise la feront vivre. Elle a écrit pour tant d'artistes! Elle va continuer de vivre avec tous ceux qui la chanteront. Il n'empêche que c'est un crève-cœur.» Elle laisse une fille, Sophie, dont elle parlait avec amour, avec tendresse, regrettant de ne pas la voir assez souvent puisqu'elle vit en Angleterre. Nous lui présentons nos plus sincères condoléances. Texte : Dominique PRÉHU - Photos : N. DENIZON et J. MARS La lettre des Amis de Barbara n°29 - Printemps 2007 DISPARITION SOPHIE MAKHNO «Écrire un petit bout d'histoire...» par Bernard Merle Comme Barbara son aînée de cinq ans, comme tous [ces] passants qu'elle avait ressuscités pour elle le temps d'un texte frémissant, Françoise Lo dite Sophie Makhno s'en est allée. Brusquement, sans crier gare, dans la nuit du 1er au 2 mars. Un malaise lors d'une soirée entre amis, des complications cardiaques, une opération dont elle ne s'est pas réveillée. Et ce vendredi 9 mars, peinant à le croire, nous assistions au cimetière d'Aulnay-sous-Bois aux obsèques de celle qu'en novembre dernier nous applaudissions encore sur la scène du Connétable, à Paris. Sur sa pierre tombale : un flacon de Mitsuko, ce parfum de Guerlain que lui offrit Barbara lorsqu'elle se rencontrèrent, et auquel, sa vie durant, Sophie Makhno resta fidèle. «Quel joli temps pour se dire au revoir...» par Valentin 9 mars 2007... La nuit comme une trêve fraîche se pose sur Aulnay rendue aux lumières douces des réverbères. Les arbres nus, au long des rues bleu-noir, apaisent, ainsi qu'en une froide et précoce soirée de printemps. Enfin la nuit... Enfin la fin de ce jour morne et glacial, tout rayé de pluie, de soleil et de larmes. C'est aujourd'hui qu'on a mis Sophie Makhno dedans la terre. Valentin, comédien, concepteur du spectacle "D'un Barbare à l'Autre" longtemps présenté à Paris, au cours duquel il recréait de façon particulièrement saisissante, par la voix et l'apparence physique, Barbara en scène. Dès le premier titre, le ton est donné : "Je rêvais d'un homme" ! Les relations compliquées entre les hommes et les femmes formeront le fond de son répertoire et seront chantées, par une femme, enfin ! avec autant de liberté que de lucidité… Et si les hommes ne sont pas toujours épargnés, ils ne seront pas crédités de toutes les responsabilités dans le sort des femmes. L'amour, les hommes, les femmes Dans ses chansons, par son écriture poétique diversifiée et par ses musiques pertinentes, Sophie Makhno défend ses idées avec chaque fois un climat différent, un regard toujours renouvelé et toujours original : chacune est un petit bijou qui captive l'attention. Plus de vingt ans après, elle a choisi d'en rééditer une trentaine. C'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir une grande dame de la chanson. Ne manquez pas cette opportunité. François Bellart (Revue "Je Chante !", N°29, octobre 2003) La Femme du 20e Siècle Elle n'est qu'une débutante, et pourtant elle connaît la chanson. En effet, avant d'être interprète, elle s'est occupée de la carrière d'Anne Sylvestre et de celle de Barbara. Ces deux illustres devancières peuvent-elles servir de référence a la carrière de Sophie Makhno ? Oui et non. Oui, car Sophie Makhno s'est résolument tournée vers la qualité. Non, puisque Sophie possède sa propre personnalité. LA CROIX: Disques de Variétés TEMOIGNAGE CHRETIEN: L'Homme devient un partenaire On se demande quelquefois comment certains hurluberlus de mon espèce peuvent s'intéresser autant à cet art dit « mineur»: la chanson. Ma réponse est le disque de Sophie Makhno. Christian HERMELIN Pilote Nous, cette semaine… ON A BIEN AIME… par Guy Vidal Une femme-femme adulte. Pas du royaume des minettes. Ni de celui des grandes miauleuses (cf. Barbara, Marlene, etc). Ni se vantant de son sexe. Ni le niant. L'acceptant. Avec aisance, naturel. Pour traduire ce que l'on ressent à l'écoute de ce 30cm (distribution Sonopresse), mélanger l'acide du mot « fraîcheur » à la douceur ronde de « moiteur ». Dire aussi qu'il y a là ironie, tendresse, humour, mesure, plus cette part mystérieusement animale qui n'existe que chez la femme. Un disque sûr et pour les hommes. Pour essayer de mieux connaître cette Amérique que nous sera toujours la femme. Le Nouvel Observateur 4 Octobre 1967 Un nom emprunté à un célèbre anarchiste ukrainien, un visage d'Asiatique, une voix enfantine et provocante, c'est Sophie Makhno, nouvelle venue dans le monde de la chanson. Nouvelle ? A vrai dire, pas tellement. Il y a des années qu'elle travaille, sous son vrai nom, dans le « show-business », en organisant des spectacles et en écrivant pour d'autres des refrains et des couplets. Elle reste d'ailleurs directrice artistique d'une grande maison de disques. Mais ce n'est que très récemment, six mois au plus, qu'avec bonheur elle s'est décidée à chanter. Son style est neuf : la femme libre du XX° siècle qui se conduit d'égal à égal avec les hommes. Tendre, elle voile ses sentiments sous l'ironie et l'humour. Elle aime jouer avec les mots, dessiner des images insolites et ses orchestrations sont recherchées et originales. Au moment où la chanson « écrite » regagne le terrain que la vague yé-yé lui avait fait perdre, Sophie Makhno a une place a prendre. 25 Décembre 1967 27 Décembre 1968 Dans le music-hall et la chanson, peu de remous prévus en 1968. On ne verra ni Brel ni Bécaud a l'Olympia : tous deux préparent une comédie musicale, Bécaud pour les Américains (« Femmes »), Brel pour les Français. Il reste cependant assez de vedettes à Bruno Coquatrix pour remplir ses programmes : Enrico Macias et Georgette Lemaire (en mars), Richard Anthony (en avril). Aznavour – qui ne jouera pas, quoi qu'on ait dit, le rôle du résistant Manouchian dans le film « l'Affiche rouge » - ouvrira la saison accompagné de Pia Colombo. Yvette ROMI JARDIN DES MODES Sophie Makhno, une grande nouvelle venue. Avec cette fille de trente ans, la femme d'aujourd'hui entre dans la chanson; une voix enfantine et provocante. C.B.S. : 63 084. Marie France MF Disques par Nathalène Isnard Pour Lui… Sophie Makhno. Jours de France Une douce jeune femme brune chante avec talent : « C'est au mois de janvier », c'est Sophie Makhno.
SOPHIE MAKHNO… UNE REVELATION Son nom est tout neuf, ses treize chansons sont l'aboutissement d'années de travail dans les variétés – elle a été attachée de presse, impresario, directrice artistique. Mais si la fréquentation de Barbara, d'Anne Sylvestre est, pour une oreille avertie, parfois sensible dans ses œuvres, elle n'est jamais déterminante ; Sophie Makhno offre un style d'écriture et d'interprétation, une forme d'expression poétique, un tour d'esprit – et de cœur – qui reflètent une personnalité fascinante. Disques de Varietes Jean Monteaux apprécie les nouveaux enregistrements de Sophie Makhno, Eva, Colette Renard, Francesca Solleville et Barbra Streisand. Toutes ont des qualités, toutes ont du caractère. Si les oeuvres qu'elles interprètent ne sont pas toujours en rapport avec leur talent, elles valent quand même une écoute attentive. Et la chanson n'est pas actuellement si riche qu'on fasse trop la fine oreille.
LES MEILLEURS DISQUES DU MOIS Ce sourire là est « un certain sourire ». Il ne faudrait pas s'y tromper. Sophie Makhno sourit, mais c'est pudeur. Elle sourit plutôt que de pleurer ; comme d'autres crient ! Ses chansons ont de temps en temps mal, mais elles se feraient hacher menu plutôt que de le dire. Elles parlent des H.L.M. et du printemps – quelle angoisse ! Des filles bottées de cuir, vêtues de soie. De la pimprenelle et du tabac. En un mot : elles sont modernes. Non dans le mauvais sens que vous pourriez supposer : celui qui se démode. Elles ont la modernité de la femme de toujours, avec un reflet de plexiglas, mais sur fond d'herbe tendre. Ce disque est pimpant et secret. Il vient par le chemin des écoliers ; par la porte à côté : bon accueil. Qu'il entre ! Nous avions remarqué Sophie Makhno à son premier 30 cm. En la réentendant, nous nous disons que nous n'avions pas tort : dans le ruisselet de médiocrité qui s'écoule tous les mois sur nos électrophones, Sophie a du corps et du bouquet ! Sans aller jusqu'au « message », elle chante pour dire quelque chose. Son ton, acide et tendre, est le ton d'une personne qui en a. Ceci est bien modeste apport à ses « œuvres complètes » et – pourtant – deux chansons réussies, ce n'est pas si mal ! Pierre à pierre, gemini par gemini, Sophie Makhno bâtira son personnage. La voie est ouverte. A Bientôt. 1. Je rêvais d'un homme - 2. Sous un parasol - 3. Moi je veux bien - 4. De mes nouvelles - 5. Un tour de coeur, un tour de monde - 6. Je suis venue de rien 7. Je r'tourne chez les ours - 8. Ensemble - 9. Avant toi, avant moi - 10. Amour-encre de Chine - 11. Qui j'embrasse - 12. Au revoir - 13. Les mots.(CBS, 30 cm, 63.084). Voilà une entrée en scène qui va faire du bruit ! Je l'écris non seulement à cause du nom d'anarchiste que porte volontairement cette nouvelle venue. Mais aussi à cause de ce qu'elle dit de la façon dont elle le dit, et de ce qu'elle sous-entend. Sophie Makhno – en qui Lucien Rioux voit justement le type de la jeune femme d'aujourd'hui : belle, dure, tendre, un peu cynique, un peu naïve – dit les choses avec une intelligence lucide qui aurait fait fuir nos grand'mères au fin fond des confessionnaux. Mais enfin, elle a une voix. Elle parle. On l'entend. Exorcisée ou pas, on comprend que sa préoccupation dominante est l'amour. C'est donc une vraie femme. La drogue et le plaisir appartiennent au pittoresque. Ils sont la pour mémoire. Pourtant, comme c'est une combattante, elle fait semblant de rien. Elle prêche le faux pour dire le vrai. C'est dans ce va-et-vient subtil, dans ce réseau de contradictions « internes » que se situe la personnalité en question. L'HUMANITE L'actualité du disque A entendre Sophie Makhno nous expliquer si joliment comment atteindre « La Maison » (de vos rêves) on a envie de suivre son conseil. « Il n'est pas interdit de rêver » chante-t-elle mais on s'aperçoit très vite qu'elle a également les pieds sur terre quand elle évoque « L'air du temps » ou ce « Mois de janvier » chargé de souvenirs. C'est toujours dit avec infiniment d'humour et une sensibilité certaine. 25 Décembre Sophie Makhno… pour lui… « Lui » a bien de la chance, car ses chansons écrites (toujours) et composées (parfois) sont l'œuvre d'un personnage incontestablement cynique et tendre à la fois. Difficile de citer un titre dans ces conditions. ELLE 15 février 1972 Sophie Makhno : le charme couronné d'épines, la délicatesse acérée, le désinvolture barbelée. Un tour désabusé, suprême pudeur d'une passion latente. Une vraie femme, satisfaite et fière de sa vocation qui est d'aimer les hommes et d'en être aimée. Et onze chansons de bonne santé dont l'une, « Plutôt Marie-Madeleine que Madelon », réhabilite la petite vertu après un demi-siècle de tricolorisme de maison close. LE NOUVEL OBSERVATEUR FEVRIER 71 Le paysan et la princesse Il est maigre, nerveux. Un visage en lame fait pour trancher le vent. Sa voix étrange est éraillée par les grandes plaines où il faut hurler pour se faire entendre. Pas toujours juste. Peu importe. Comme lui, elle mue instantanément : à un moment, elle confie, douce, insidieuse, rauque toujours, mais avec une tendresse qui polit les aspérités… La minute suivante, elle s'arrache, enfonce les tympans, entraîne… Voix du vent qui rafraîchit les visages et déracine les chênes. Un journaliste de Montréal : Vigneault, il faut le voir : il passe pour quelques semaine au Théâtre de la Ville (tous les soirs a 18 h 30). Ne le manquez pas (1) D'après le lexique établi par le poète Henri Pichette, grand admirateur de Vigneault, un cométique est un traîneau eskimau et un sac de malle un sac de courrier. Sophie Makhno, comme Vigneault, a fait nombre de metiers : institutrice, secretaire. Mais tres vite, elle s'est lancee dans le music-hall. Elle a monte des spectacles. Elle a travaille avec Anne Sylvestre, Barbara, Patachou. Elle a ecrit des chansons pour les autres. Puis un jour, elle a saute la barriere. Elle a choisi un pseudonyme provoquant : Sophie Makhno, prenom de princesse, nom d'anarchiste, et elle s'est lancee. LE MONDE Disques Cette voix nuancée, vive, enjouée, cette façon de dire les choses sans avoir l'air d'y toucher, cette désinvolture et cette gravité. Il y a longtemps qu'on les attendait. Pour la première fois une Française parle aux Français. Elle ne leur chante pas les contes de la mère l'Oye, elle ne donne pas dans la copie d'ancien, ses remarques, ses refrains sont d'époque, la nôtre. TELERAMA LE MONDE Chansons de notre enfance Sophie Makhno interprète les grands classiques de la chanson enfantine: La Mère Michel, Cadet Rousselle, Le Roi Dagobert, de sa voix juste et sans fioritures. FEMMES D'AUJOURD'HUI Sophie Makhno chante "Au Pays des Animaux" 33 tours 99.501 Depuis quelques années, le domaine des disques pour enfants s'est enrichi du nom de Sophie Makhno. Non seulement elle écrit de charmantes chansons, les chante, mais elle s'attache à donner une enveloppe attrayante aux enregistrements qu'elle réalise pour eux. Il en est ainsi pour le "Pays des Animaux" dont le 33 tours regroupe 12 chansons consacrées précisément à des histoires d'animaux: "La petite souris", "Berceuse du poisson-chat", "Petit loup de Sibérie", etc... Une reproduction de la pochette, en noir et blanc, est jointe pour être colorisée. De surcroît, chaque chanson a sa version 45 tours en livres-disques illustrés par Marina Pratti de la plus exquise façon. JOURS DE FRANCE Au Pays de Chantecouleurs et Au Pays des Animaux. Il aurait fallu des colonnes entiéres pour vous signaler les titres des disques déstinés aux enfants parus pour les fêtes... Cependant il n'est pas trop tard aujourd'hui pour vous marquer l'intérêt que nous portons à deux séries de chansons réalisées par Sophie Makhno pour les enfants de 3 à 9 ans. Il s'agit de "Au Pays de Chantecouleurs" et de "Au Pays des Animaux". Ce sont des 45 tours bien réalisés, bien présentés dont le but est, sous la forme la plus distrayante, de familiariser les plus jeunes avec les couleurs de base et les animaux. Des séries éducatives intelligemment faites. TELE JOURNAL Loisirs Des disques éducatifs Sophie Makhno, auteur et interprète, vient de sortir deux séries de chansons pour les enfants de trois à neuf ans. Une serie sur les couleurs: "Au Pays de Chantecouleurs" (Ref. 99502), permet aux enfants de se familiariser avec les couleurs de base grâce aux titres suivants: "Compte-Cerise" (rouge), "Chanson jaune", "Berceuse bleue", "Marron-Marron", etc. 30 cm, plus poster à colorier. Une serie sur les animaux: "Au Pays des Animaux" (Ref. 99501), dont les titres font connaître aux enfants les bêtes familières ou sauvage: "Un grillon dans le carillon", "Chanson pour les chats", "Petit loup de Sibérie", "Berceuse du poisson-chat", etc. 30 cm, plus poster à colorier. Chaque titre de ses deux séries existe en 45 tours, une face chantée, une face orchestrée pour permettre aux enfants de chanter grâce au texte imprimé à l'intérieur de la pochette. F. MAGAZINE ENFANTS / Noël Disques Leur 45 t., ils le trimballeront de pièce en pièce, le mange-disque à la main. Vous connaîtrez vite chaque air, chaque texte. Alors autant en choisir d'agréables à l'oreille et de plaisants à l'esprit. Nous avons sélectionné pour cette fin d'année : Si les rats se font la guerre ("c'est qu'il ne reste plus guère que les trous sans le gruyère"), le Quadrille des animaux ("faire danser la poule avec le renard") et Un grillon dans le carillon ("compte les heures"). Ce sont trois disques avec paroles et musique. Une face chantée et l'autre orchestrée pour que l'enfant fasse son propre play-back. Astucieux. L'HUMANITE DIMANCHE / VIVRE AUJOURD'HUI Sophie Makhno a choisi un parti différent. dans ses chansons pour "Le Chat", "Le Dragon Chinois", "Un Petit Homme Vert", elle veut faire participer l'enfant. La deuxième face de chaque disque comporte seulement une bande orchestrale qui permet au jeune auditeur (3 à 6 ans) de devenir chanteur à son tour. PLATINE # 99 Mars 2003 De retour du 8 au 19 avril au Sentier des Halles avec son nouveau spectacle « Je me fous d'avoir vieilli », ainsi qu'un nouvel album du même nom, cette parolière de Barbara et Dumont a également été interprète et a enregistré plusieurs albums. Retour sur près de 45 ans de carrière. Tour à tour institutrice, apprentie comédienne, journaliste, organisatrice de tournée, secrétaire d'artistes, directrice artistique, Françoise Marin enregistre en 1957 sous son vrai prénom un 45 tours (chez Barclay) contenant 4 titres composés par un jeune artiste totalement inconnu qui est également son compagnon, un certain Pierre Perret. En 1963, Barbara demande à Françoise devenue Lo de travailler avec elle. Celle-ci sera pendant plus de deux ans à la fois secrétaire mais aussi parolière. Elle lui écrira « Septembre (quel joli temps) » entre autres et fera de Barbara une vedette. C'est en 1966 que Françoise Lo entre chez CBS comme directrice artistique, de Charles Dumont, Patachou, Gilles Vigneault… Mais c'est en 1967, sous le nom de Sophie Makhno (Sophie en hommage à la princesse et Makhno comme l'anarchiste) qu'elle sort son premier 33 tours (chez CBS !) intitulé « Pour Lui ». Dans cet album, on retrouve la chanson « Je rêvais d'un homme » dans laquelle elle évoque la liberté sexuelle féminine, mais aussi des titres qu'elle a écrit avec le jazzman Michel Portal, le pianiste Bernard Gérard, le chanteur Joël Holmes ou celui qui devient son interprète fétiche, Charles Dumont (pour lequel elle a composé une centaine de chansons dont « Ta cigarette après l'amour »). L'année suivante (chez CBS toujours), sort « Teuf Teuf », le second album. Douze titres dont elle a signé tous les textes et qu'elle a composés seule ou avec les mêmes, plus Stéphane Reggiani (« Obsessions 68 »). 1972 marque un renouveau : Sophie Makhno a quitté CBS et publie « Les hommes, les hommes, les hommes », son opus distribué par Sonopresse. Comme à son habitude, Sophie y signe tous les textes et une partie des musiques, ou alors fait appel au chanteur engagé Francois Béranger, aux chanteurs plus romantiques Colin Verdier et Jacques Blanchard, aux arrangeurs Jean-Claude Petit (Cloclo, Sheila) et Jean Frédenucci (Cloclo, Feldman et Norman Ray). Frédenucci, Verdier, Blanchard continuent à travailler avec Sophie sur son quatrième opus en 1973, « La maison de nos rêves » paru sur un petit label. En sont extraits « L'île aux oiseaux » et « L'air du temps ». En bonus, on note une composition de Mickey Baker, le complice de Johnny. 1974, et c'est le cinquième 33 tours, toujours sur un petit label, « Je chante pour Grand'mère », avec des musiques de Joël Rocher et une seule de Colin Verdier. En 1975, RCA distribue « Ma petite musique de nuit », soit dix titres dont Sophie a signé les textes et qu'elle a composé seule ou avec les fidèles Joël Rocher, Colin Verdier ou Michel Mareska. En 1976, sur le même label, voici « Photo de famille », son septième album avec 10 chansons écrites par Sophie elle-même, et composées par Jean-Pierre Mas, Benoît Kaufman, et les anciens : Bernard Gérard, Joël Rocher ou encore Colin Verdier. En 1980, sort l'avant dernier album en date de Sophie Makhno « Quel joli temps » sur le label de Mémé Ibach, le producteur de Karen Chéryl. Parmi les 10 titres de ce 33 tours, on retrouve « L'amour est un remède à la mélancolie » composé par Jean Schulteis (« Confidence pour confidence ») mais aussi « (Septembre) Quel joli temps », « Ta cigarette après l'amour », ainsi que toujours des musiques de Jean Frédenucci, Colin Verdier, Michel Portal, Bernard Gérard… Il aura donc fallu attendre 22 ans pour que Sophie Makhno enregistre un nouvel album de nouvelles chansons. Ceux qui iront l'applaudir au Sentier des Halles pourront l'acquérir en toute premiere exclusivité… Le joli temps ne commence pas qu'en septembre… NB : En parallèle à ces albums de variété, celle que Lucien Rioux (Nouvel Observateur) avait surnommé « La Boris Vian femelle » a également enregistré cinq albums pour enfants (dont deux ont été réédités sur le meme CD) parmi lesquels ; « Les animaux de Sophie », « Vive les vacances », « Chantecouleurs »… Le Monde Aden Semaine du 22 au 28 septembre 2004 * Essaïon, 6 rue Pierre-au-Lard, Paris 4e, 01 42 78 46 42. A 20 h 30; 15€, tarif réduit 10€. Avec, en seconde partie de soirée, Eric Toulis, ex-leader du groupe Les Escrocs. ENTRETIEN AVEC SOPHIE MAKHNO SOPHIE MAKHNO - Je ne sais pas si on sait quand on commence vraiment... J'ai commencé par faire du cabaret en chantant des chansons de Pierre Perret... J'ai toujours su où je ne voulais pas aller : je ne voulais pas faire une carrière universitaire... - Chez CBS, vous vous occupiez de qui ? Sacem - Revue Notes "FEMMES, Histoires d'écrire (1), et autres lignes de vie", n° 153 paru en 1998. SOPHIE MAKHNO: La femme aux deux visages Personne n'a plus chanté les mots «amour», «femme» et «amant» que Charles Dumont: «Une femme», «Femme de ma vie», «La femme aux mille visages», «Pour une femme seule», «Toi la femme mariée», « La femme nue », «La femme-enfant», «Le visage des filles», «Ma mélodie, c'est une femme», «La fille de Jacob», «Léa», «Laetitia Borghi», «Lorsque Sophie dansait», «Marie-Trottoir», «Les chansons d'amour», «L'amour interdit», «Les mal-aimés», «Aime-moi», «Ta cigarette après l'amour», «Les gens qui s'aiment», ... Mais qui sait que derrière cette galerie de portraits, ces confidences à fleur de coeur, ces mots d'amour en 33 tours, on trouve aussi des paroles de femmes? Que les aveux de Charles sont aussi un peu ceux de ses auteurs, Sophie Makhno, Marie Casanova? Les mots des unes dans la bouche de I'autre, comme eut dit Gainsbourg. «Ca tient du chat et de la rose...» chantait naguère Juliette Greco à propos de la femme, et l'on serait tenté d'ajouter que les femmes, comme les chats, ont plus d'une vie dans ce métier. Témoin Sophie Makhno, alias Françoise Lo, alias Françoise Marin, autre figure méconnue à l'illustre pseudonyme (un prénom de princesse et un nom d'anarchiste ukrainien : beau programme pour une révolution en douceur!) qui fut tour à tour institutrice, secrétaire puis secrétaire d'artiste (Anne Sylvestre, Barbara), chanteuse et femme de chanteur (Pierre Perret), directrice artistique, auteur-interprète, avant de devenir parolière attitrée du plus «masculin» des chanteurs, Charles Dumont, pour lequel elle vient d'écrire 10 nouveaux textes, dont «Pour une femme» et «C'est la femme qui tient le monde». Derrière le séducteur, cherchez la femme, comme dit le dicton, et derrière le compositeur la parolière qui, dans la foulée de Piaf, a contribué à relancer à la fin des années 60 notre gentleman-crooner et lui a écrit pas moins de 100 titres en 30 ans : «Une femme», «Ta cigarette après I'amour», «Une chanson», «Des gens qui s'aiment», «Le fils prodigue», «Lettre à une inconnue», «Les illusions perdues»... Alors, paroles de femme ou paroles d'homme? Des mots vécus, en tout cas, tailles dans le cœur de la vie par une femme de tête, à la plume acidulée qui, tout en restant toujours un peu en marge des sentiers et sujets battus, a écrit quelques jolies pages de la chanson d'amour contemporaine et se consacre également aujourd'hui à la presse professionnelle (Faire savoir Faire). Chez Sophie Makhno, en effet, l'écriture ne s'est pas imposée d'emblée, mais elle est bel et bien passée par la vie, au filtre des émotions, au fil d'apprentissages que n'eut pas reniés son écrivain favori, Colette («Si j'avais été un homme, je n'aurais pas aimé vivre avec Colette, mais j'aurais aimé être Colette»). Si elle n'avait pas chanté Pierre Perret aux Trois Baudets dans les années 60, le temps de réaliser qu'elle n'était pas interprète dans l'âme, mais que les choses de la chanson la passionnaient pourtant «J'étais très mal à l'aise dans les mots des autres, il fallait que j'écrive les miens, mais je ne le savais pas », se serait-elle ensuite consacrée à la carrière des autres ? C'est pourtant en s'occupant pendant quatre ans des affaires de Barbara -une relation aussi riche qu'agitée- qu'elle se découvrit auteur «Ce que tu fais, ce sont des chansons», lui disait cette dernière et coécrivit plusieurs oeuvres avec elle : «Toi I'homme», initialement prévue pour Eva, «Septembre», («Quel joli temps»), «Sans bagages», «Tous les passants», «Les mignons». Belle école, qui n'empêche pas Sophie, alors redevenue Françoise Lo, son vrai nom, de cultiver sur le terrain son autre don, lI'instinct de découverte. Des 1964, elle anime en effet le Théâtre de l'Est Parisien, ou elle programmera aussi bien Paul Simon (pour la première fois en France) que Serge Gainsbourg, accompagné par René Urtreger et Michel Gaudry, Claude Nougaro, Serge Reggiani, Los Incas, Graeme Allwright. Puis elle entre en 1966 comme directeur artistique chez CBS ou elle travaillera pendant quatre ans avec Patachou, Gilles Vigneault (« Au début, il aurait presque fallu le sous-titrer!»), Michel Portal, Christine Sevres («qui aurait pu faire une carrière à la Marianne Faithfull»), Raimon, Colin Verdier, Stephan Reggiani («Le zip»), François Béranger («Tranche de vie», «Natacha»), auxquels elle fera faire leurs premiers enregistrements. Un métier jusque-là strictement masculin ou elle jouera les pionnières, avec Jacqueline Herrenschmidt chez Barclay : «Créer des artistes, les mettre au monde, c'est en fait un métier de femme. Pourquoi les hommes se réserveraient-ils le «droit de fabriquer des artistes qui vont d'ailleurs être achetés par des femmes?», et où il n'est pas facile pour une femme d'imposer des goûts différents. Ainsi Moustaki, Regglani, Higelin, Fontaine lui échapperont-ils de peu («Le comité d'écoute m'a refusé tout l'album du Métèque!»), et I'ironie du sort veut que Charles Dumont lui-même perde son contrat chez CBS quand elle en fait la « redécouverte». «Charles, qui était artiste chez CBS, après avoir fait un 25 cm chez Pathé, avait demandé à travailler avec moi. A cette époque-là, plus personne ne voulait chanter ses chansons parce qu'elles étaient trop liées à Piaf - il en avait fait 30 pour elle, dont «Je ne regrette rien» et «Mon dieu» - et il n'était pas encore mûr pour faire sa carrière, composait un peu de musiques de films, etc. Quand j'ai écouté ses titres, je lui ai dit: «On ne peut pas enregistrer ça. Vous chantez des chansons populistes, vous faites ce que faisait Piaf, et ça ne vous va pas! Piaf était une petite bonne femme fragile avec une extraordinaire démesure, et vous, vous êtes un homme avec une voix du sud-ouest». Puis je lui ai donné un texte, «Ta cigarette après l'amour» (1967), sur lequel Barbara avait déjà mis une musique, mais trop noire, désespérée, et que j'avais donc « recupéré ». II m'appelle alors chez lui, rue de l'Odeon, et là, me chante notre chanson assis au piano, tranquille, sans effets, sans se lever comme il faisait sur scène. C'était ce qu'il falait faire : «Vous devez rester au piano, la jouer comme ça, en équilibrant votre interprétation avec l'accompagnement». Il ne chantait plus du tout de la même façon. Et ça a été le début de sa carrière de chanteur en même temps que de ma carrière d'auteur. Comme ces comédiens qui ont un emploi tardif, Noiret etc.. il devait arriver à maturité pour s'épanouir; trouver son personnage. Le comble - il me l'a avoué 20 ans plus tard - c'est que je n'ai fait que lui redire, sans le savoir; ce que Piaf avait dit pour le faire monter sur scène: «Si tu arrives à me convaincre moi en chantant au piano, tu convaincras le public!». Après elle, il ne savait plus ce qu'il devait chanter; puisqu'elle n'était plus là pour le lui dire. J'ai donc fait les quatre titres de son 45 tours, mais «La cigarette...» a été interdite deux fois en radio et en TV: d'abord en 1967 à cause de son sujet, et trois ans après pour cause de campagne antitabac! C'est Simone Veil qui nous a sauvé la mise! Après ce premier disque, nous avons en effet enregistré un album, «Intimité», que CBS n'a finalement pas sorti, rendant son contrat à Charles qui est parti chez Pathé avec ses bandes, au moment ou ça démarrait, et on a eu le Prix Charles Cros avec «Une femme» en 1973! Dans la foulée, je m'étais moi-même remise à la chanson, et j'ai enregistré deux albums chez CBS, deux chez RCA, un chez Sonopresse, un chez Ibach et un chez Lido-Musique, plus de nombreux disques pour enfants ». Un singulier chassé croisé - une directrice artistique «déclenchant» un chanteur qui la révèle à son tour comme artiste - qui préfigure I'une des plus longues collaborations de la chanson (dans ce métier aussi, les amis et équipes de 30 ans se comptent sur les doigts d'une main) et I'une des seules mixtes -Alice Dona / Serge Lama les suivirent de peu-, avec, qui plus est, un thème de prédilection, l'amour, encore et toujours, sous tous les angles et toutes les coutures : « C'est le sujet qui lui va, le centre de sa vie, de son propre aveu, c'est la relation physique à la femme, l'amour sous toutes ses facettes et à toutes ses étapes, et en 30 ans de collaboration,je n'ai jamais parlé que d'amour dans toutes ses chansons, sauf une : «Une chanson», qu'il a d'ailleurs bien failli ne pas faire! Ni lui, ni son directeur artistique d'alors, Christian Hergott, n'en voulaient sur l'album «Lettre à une inconnue» (1977)! Heureusement, Monique Lemarcis de RTL y avait cru comme moi, elle a vraiment decidé de la carrière de ce titre, et ça a été son premier disque d'or, son grand retour à la chanson populaire ! Mais même le soir de la première, au théâtre de la Renaissance, il ne l'a chantée qu'à contre-cœur (rire)! Depuis elle ne le quitte plus! Et nous avons enchaîné avec «Les chansons d'amour». Non contente de se tailler «la part du lion» dans les albums de Charles, décidément voué aux femmes depuis Edith, Cora Vaucaire, Una Margy, Colette Renard et autres interprètes, elle lui présente aussi un autre auteur femme, Marie Casanova (un peu comme Cris Carol présentera à la même époque Gaby Verlor à Mouloudji) qui lui écrit à son tour des chansons... d'homme (?): «Nous avons des tempéraments, des regards, des vocabulaires différents : elle est moins cérébrale que moi, mais c'est un vrai puits d'images, son écriture est fleurie... je n'aurais jamais pu écrire «Toi la femme mariée», «EIle» ou «Laetitia Borghi», en tout cas pas comme ça». Charles chantera également Marie Vouilloux et Mireille Parailloux, encore des femmes! Mais au fait, le secret du succès de Charles Dumont ne résiderait-il pas, outre ses multiples dons de musicien et chanteur, dans ce subtil mélange de sujets d'hommes et paroles de femmes, dans ce regard masculin sur I'amour d'autant plus apprécié du public feminin, auquel il s'adresse directement («Toi...»), qu'il émane justement... de femmes, mettant dans la bouche d'un artiste les mots qu'elles rêvent d'entendre ? «La carrière de Charles est faite de malentendus, puisque ses plus grands succès sont tous des chansons de femmes: «Ta cigarette après l'amour» est une chanson de femme, écrite par une femme, initialement mise en musique par une femme (Barbara), et qui aurait dû être chantée par une femme. Sa première réaction à d'ailleurs été de la proposer a d'autres interprètes! De même seule une femme pouvait écrire «Je ne veux plus mourir pour toi». Et le public, essentiellement féminin, de Dumont dit : «Qu'est-ce qu'il écrit bien pour les femmes!» (rire). En tant qu'auteur je sais ce qu'il peut dire ou non, en fonction de son phrasé, et en tant que directeur artistique, ce qu'il peut, doit ou ne doit pas faire. Mais avouons-le, je puise souvent mes sujets dans sa vie privée, notamment en ce qui concerne les portraits de femmes. Charles, c'est un solitaire entouré !». Entre Charles et Sophie, qui, comme dans la chanson, « se disent toujours vous «après tant de mots doux sur vynil (« On ne s'est jamais dit tu », remarque-t-elle, comme on trouverait un titre), c'est l'entente, l'accord parfait, une longue histoire d'amour professionnelle écrite a quatre mains, ainsi qu'en témoigne leur cuvée 98, avec « neuf chansons sur dix tournant autour de l'amour et de la femme, et même des chansons d'humour qui parlent d'amour» : «Charles a la mélodie au bout des doigts. Souvent, il m'en fait écouter une, je l'emporte sur cassette, j'écris des paroles, et après... il refait sa mélodie autour de mon texte, etc. L'inverse se produit aussi de temps en temps: «l'enfance chevillée au coeur», « Les amours impossibles ", « II se peut que je t'aime encore», «Je ne veux plus mourir pour toi» sont des textes que je lui ai remis. A mon avis, on fait plus une chanson avec des mots qu'avec des idées : c'est un peu comme en peinture, si on assemble des couleurs, il se passe quelque chose qui n'était pas forcément concerté, qui vient de loin. Je crois aux assemblages de mots, même si, pour être entendu par ses contemporains, notre vocabulaire est forcément limité. Il faut faire attention aux mots inusités dans une chanson. Moi, j'aime mieux le vécu que les choses écrites dans un bureau». Des mots que, curieusement, la malicieuse Sophie, dont la presse soulignait naguère la «délicatesse acérée, la désinvolture barbelée» et les «chansons qui fleurent la bergamote moqueuse et la lavande tendre», comme des «légères histoires d'amour», n'a jamais écrits au feminin, à de rares exceptions près. En chanson, les femmes ont longtemps porté sur elles-même un regard qui était en fait une vision d'homme. Souvenez-vous comme Barbara a choqué en écrivant «Je n'ai pas la vertu des femmes de marins» dans «Dis, quand reviendras-tu ?». Elle a osé assumer tout ce qu'elle était et le dire, mais a attendu longtemps avant de pouvoir le faire. Gréco aussi est allée au bout d'un chemin individuel et solitaire, mais sa liberté de comportement a été assimilée à un comportement d'homme. Avant elle, des femmes comme Mireille ou Marguerite Monnot ont apporté une touche particulière, moins d'abstraction et plus d'humanité, à la musique. Les mélodies de Monnot sont très incarnées, différentes, tout comme celles d'Alice Dona. Les hommes créent, imaginent, les femmes recréent, développent plutôt à partir de la réalité. Leur création, comme leur vie, est ancrée dans le quotidien. C'est pourquoi il n'y a pas de grand compositeur classique femme : plus on va dans I'abstraction dans l'art, plus on trouve d'hommes, plus on va dans l'émotionnel, dans le rapport au concret, plus on trouve de femmes, sauf quand on les a occultées. Je ne connais pas par exemple d'écrivain de science-fiction femme, il n'y a pas de Jules Vernes ou de Bradbury féminin. Dans le polar, oui, car c'est très réel, mais pas dans la fiction psychologique! Mick Micheyl a été parmi les premières à introduire en chanson un propos féminin : « Si je te suis fidèle / c'est pas par amour / c'est que la bagatelle / compliquerait mes jours / sais-tu que faire des fredaines / c'est plus savant qu'on ne croît / Il faut du temps dans la semaine / Et aussi un beau gars / Et ceci dit sans reproches / Quand je vois tes amis / Je les trouve plutôt moches / Et surtout sans esprit ». Il fallait oser l'écrire. C'était une génération encore frustrée au niveau des mots, car on devait rester acceptable. Quand Anne Sylvestre écrit «Mon mari est parti», elle parle d'un fait de société, mais on ne peut pas encore analyser la relation femme / mari dans une chanson. En revanche, «Tiens toi droit», un de ses premiers titres, était comme un avertissement aux hommes sur le changement des rapports: elle disait que les hommes devaient être à la hauteur de tout ce qu'ils avaient raconté aux femmes pendant des siècles («Tiens-toi droit / Si tu t'arrondis / T'auras l'air d'une arche... Tiens-toi droit / Si tu t'arrondis / Jl'aurai l'air de quoi ?»)... Bien sûr les choses ont changé, mais je ne suis toujours pas satisfaite de la place qu'on fait aujourd'hui aux femmes qui écrivent, nous sommes au temps des mannequins, des propos anesthésiants, et puis... il n'y a pas plus machiste que les métiers de la musique! ». Curieusement, je n'ai quasiment jamais écrit pour des femmes, à part Barbara et Eva. Même Gréco, qui est la féminitée incarnée et avec laquelle je devais travailler n'a pratiquement chanté que des écritures masculines. J'ai donc pris I'habitude d'écrire pour et avec des hommes: Charles Dumont, Gérard Lenorman, Jean-Claude Pascal, Colin Verdier... Le plus drôle, c'est que quand j'ai proposé mes textes à d'autres femmes, elles n'ont pas osé les faire : je suis arrivée vingt ans trop tôt, personne n'était prêt à entendre une femme dire ça, et l'on me répétait : «Tu parles de liberté sexuelle, ce n'est pas acceptable! ». Ma toute première chanson, «Je rêvais d'un homme» (1967), faisait d'ailleurs le tour de la question en une minute et demie : «Je rêvais d'un homme / Avec des épaules / Tous ils sont venus / vêtus de leurs gros pardessus / Moi dans les débuts, j'ai trouvé ça drôle / Oui mais aujourd'hui, les mannequins je n'en veux plus / Je retrouve partout de ces hommes en paille / Dans mon bénitier, dans mon lit, dans mon bétisier / Sans vous offenser je veux qu'ils s'en aillent…» De même, quand j'ai enregistré « Mon bel HLM» ou «Je te parle des roses», les radios nous ont jetés, parce qu'une femme ne pouvait pas dire des choses pareilles. Alors les chansons que j'aurais pu écrire pour des femmes, c'est moi qui les ai chantées! Néanmoins j'aimerais bien travailler aujourd'hui pour Enzo Enzo...». On ne saurait trop inciter certains à lui faire signe : car derrière les chansons romantiques ou mélancoliques faites sur mesure «pour lui» (elle lui concocte actuellement une «chanson de rupture qui ne soit pas autre chose qu'une chanson d'amour; car on écrit toujours le circonstanciel, pas l'essentiel, sur la fin des relations amoureuses»), se cachent tout autant de titres acidulés écrits à la première personne, d'un coup de plume ou d'un coup de griffe, qui constituent le petit monde de Sophie, comme on disait de Suzy Wong, et gagneraient à être redécouverts, réédités ou réenregistrés. S'il fallait définir une écriture au féminin, toute en ambivalence et impertinence, avec un nuage de fantaisie, un doigt de sensualité, un soupçon de malignité et une larme d'irrévérence (Souchon parlerait de « chansons insidieuses »), ce pourraient bien être les mots de Makhno, pareils aux roses serties d'épines... VINYL n°52 • Mai - Juin 2006: Sophie MAKHNO & Jean-Jacques Genevard : Evidente Complicité J CD MAK 2003003 -© 2006 Vous le savez, je fréquente vos chansons depuis près de quarante ans. Elles voisinent dans les rayonnages de mes neurones avec celles d'Anne, de Luce, de Danielle, de Pauline, de Juliette et de bien d'autres Véroniques. Mais elles y occupent une place de choix, car elles offrent d'une façon irremplaçable de quoi mettre en mots les sentiments qui jalonnent l'existence, de quoi exprimer le désir et la peur d'aimer, de quoi nourrir à la fois les anxiétés et les élans, de quoi connaître les femmes et les hommes et leurs relations teintées tantôt d'enthousiasme tantôt d'incompréhension, de quoi prendre le recul de l'humour, de quoi pleurer, de quoi rire, de quoi s'émouvoir, bref de quoi accompagner la vie. J'ai continué à écouter vos vinyles (reportés sur cassettes pour leur épargner un excès d'usure) même pendant ces longues années où votre voix avait disparu des radios et votre nom des bacs des disquaires. J'ai fulminé de constater que la revue qui se veut de référence ne vous a jamais consacré un seul article digne de vos chansons. Et lorsqu'au début de ce siècle, après la réédition de vos chansons pour enfants (1), vous avez manifesté le désir de faire revivre vos autres chansons à la fois sur scène et par le disque, ce fut une nouvelle inespérée. A cette occasion, nous fîmes connaissance, et vous eûtes la hardiesse d'accepter qu'avec ma petite plume, je participe à ce retour. S'ensuivirent des journées inoubliables entre vos souvenirs, vos projets et vos délicieux petits plats ! Et aujourd'hui, comme si un bonheur en appelait automatiquement un autre, vous nous faites un somptueux cadeau : le réenregistrement d'une bonne douzaine d'autres chansons délicatement enveloppées par le piano ami de Jean-Jacques Genevard. Autant vous le dire, je tombe sous le charme de votre voix qui a gagné en subtilité ce qu'elle a perdu en tessiture et qui m'émeut jusqu'au fond de l'âme, et de vos chansons que je redécouvre comme à la première écoute dans leur nouvel habillage. Et ultime présent, un entretien d'une petite vingtaine de minutes où vous retracez l'histoire de ces chansons, et rendez un bel hommage aux musiciens qui en ont écrit les superbes mélodies : Barbara, Colin Verdier, Charles Dumont, Bernard Gérard, Jean Frédénucci, Michel Portal et évidemment Jean-Jacques Genevard. Ce CD qui enrichit le précédent, est une révérence à vos chansons, un message de confiance dans la vie et dans ses rebondissements, une lettre d'amitié à tous ceux qui vous apprécient ou vous apprécieront. Ayant eu la chance d'être un des destinataires de cette correspondance, je voulais vous en remercier chaudement en résumant toute la béatitude qu'elle m'a apportée. Je souhaite à ce disque de faire du bien à beaucoup d'autres. Soyez assurée, chère Sophie, de mes définitifs sentiments amicaux. François BELLART - Mai 2006 1 -Au Pays Des Animaux (EMI 72435368182). Sacem - Revue Notes Ecrire avec Barbara Qu'est-ce qui fait qu'un artiste devient un jour lui-même, se reconnaît soudain dans le miroir du public, ou bien se perd de vue dans le labyrinthe de ses personnages? Qu'un Aznavour devient enfin Aznavour, un certain jour de décembre 1959 à l'Alhambra? Qu'un Ferré explose dix ans après à Bobino en patriarche anarchisant, qu'un Moustaki s'impose la même année en "Métèque" romantique au bout de dix ans de carrière, qu'un Lavilliers accoste sur les rives de la salsa après avoir quitté celles de la rive gauche, qu'un Brel tombe guitare et " soutane " pour enflammer les brumes du nord, qu'un Jonasz va rechercher le secret du blues au fin fond de son enfance, qu'une "Chanteuse de minuit" sort des ténèbres après dix-sept années d'anonymat doré, deux mille nuits noires et blanches à l'Ecluse... Ses années-lumière à elle, notre légende à nous. Dans toute carrière, il y a en effet le moment, à ne pas rater, où tout bascule, s'enchaîne et se précipite, à la faveur d'une rencontre ou d'une chanson, tout comme il y a le disque parfait, et quand d'aventure les deux correspondent, le bonheur est intégral, l'instant quasi éternel. Seconde historique ou deux ombres de la vie deviennent sans le savoir des "Amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics", une rupture amoureuse "Ne me quitte pas" ou "Comme d'habitude", une fenêtre entr'ouverte sur l'automne "La montagne", où deux vers anodins comme "Un beau soir ou peut-être une nuit/ Près d'un lac je m'étais endormie" rejoignent dans l'imaginaire collectif le fameux "Longtemps je me suis couché de bonne heure" de Proust. Chez Barbara, le grand virage a lieu en 1963, lors de son passage d'Odéon (CBS) à Philips, avec "Dis quand reviendras-tu " et " Nantes ", et se concrétisera l'année suivante avec un album (sans autre image de pochette qu'une rose: suprême élégance!) tout naturellement intitulé "Barbara chante Barbara" et qui aurait aussi bien pu porter un simple prénom devenu chanson: "Pierre" (ironie du sort: au même moment sort aux USA un album appelé " My name is Barbra " qui révèle une autre étoile montante ndlr). Dans ce disque à la rose figurent, outre la chanson éponyme, "A mourir pour mourir", "Au bois de Saint-Amand", "Nantes", "Le bel âge", suivis en 1965 de "Si la photo est bonne", "Septembre" (Quel joli temps), "Göttingen", "Toi l'homme", "Une petite cantate", "Le mal de vivre", "La solitude", et en 1967 de "Ma plus belle histoire d'amour", "La dame brune", "Les rapaces", autant dire le meilleur de Barbara en quatre ans et quatre albums, un peu comme, outre-Manche, les Beatles offrirent l'essentiel de leur oeuvre dans le même temps. Une production d'autant plus pure et puissante qu'elle avait été longtemps contenue, étouffée, et prenait soudain la force d'un cri, celui d'une femme-auteur ouvrant littéralement la voie à plusieurs générations de créatrices, avec, par delà ses mots, un ton, un son de femme qui faisait de chaque chanson un message personnel, une confidence feutrée. Il n'est en effet pas indifférent qu'elle ait exorcisé ces années de mutisme, où elle " créait " les autres et s'interprétait sans trop le dire ("J'ai tué l'amour", "Chapeau bas") par un aveu, une confession chantée comme "Nantes", pas non plus indifférent que ses premiers vrais mots d'auteur en public aient été une prière à l'absent: "Dis, quand reviendras-tu?", et l'on notera au passage qu'elle débuta dans le disque en 1957 avec des paroles de femme: "L'oeillet blanc", de Brigitte Sabouraud, co-directrice de l'Ecluse (elle chanta aussi Angèle Vannier, Sophie Makhno, Catherine Lara). Alors, qui mieux qu'une femme, témoin et actrice de cette spectaculaire mutation, pouvait évoquer avec nous ses arcanes, analyser l'avènement d'une artiste majeure qui n'en finit pas de nous parler de la vie au présent, qui nous fascine autant qu'elle nous échappe, et dont on publie en ce moment pas moins de quatre biographies, dont la sienne propre, largement consacrée à cette enfance méconnue? Sophie Makhno, qui s'appelait encore à l'époque Françoise Lô, fut en effet la secrétaire de Barbara, précédant dans ces fonctions Nadine Laïk et Marie Chaix, mais écrivit aussi avec elle. Elle se souvient et nous raconte ces années-là, où celle qui rêvait toute petite d'être "pianiste chantante" et se définissait comme "ni une grande dame de la chanson, ni une tulipe noire, ni un poète, ni un oiseau de proie, ni une désespérée du matin au soir, ni une mante religieuse, ni une intellectuelle, ni une héroïne", mais "une femme qui chante", devint néanmoins la première dame de la chanson française, symboliquement l'année-même où une autre dame en noir, plus connue comme interprète qu'auteur, disparaissait, tournant une page que les femmes écriraient désormais à la première personne. Piaf s'envolait, l'aigle noir commençait à poindre, pour clore en 1970 une décennie de toute beauté: le temps où nos radios avaient la voix sensuelle et suave de Barbara, nous parlaient avec ses silences, soupirs et sourires, de celles qu'on appelait encore dans les hymnes officiels nos soeurs et nos compagnes, des "femmes vues de l'intérieur". Notes: Comment votre collaboration avec Barbara a-t-elle débuté ? Que représentait à l'époque Barbara, sur le plan professionnel? Quand je l'ai rencontrée, elle n'avait pas encore assez de chansons à elle et faisait donc un spectacle en deux parties: une première avec les chansons des autres, Brel, Brassens, Datin, Xanrof, Braffort, dont elle " faisait du Barbara ", et puis les siennes. Et si les oeuvres de Brel était des chansons d'interprète, il fallait être forte pour s'approprier des chansons d'auteur comme celles de Brassens, "Pénélope", "La femme d'Hector" ou "La complainte des filles de joie". En ce temps-là, les vedettes des cabarets de la rive gauche étaient ignorées sur la rive droite, et elle avait une notoriété très marginale. En fait, elle "inquiétait", car cette femme en noir, qui n'avait pas la langue dans sa poche et chantait de drôles de choses d'une drôle de façon, ça ne ressemblait à rien d'existant! Elle avait pris la parole parce qu'elle ne trouvait plus de répertoire qui lui convenait, et puis les éditeurs privilégiaient alors les vedettes: elle s'était vu refuser "Les boutons dorés" au bénéfice de Jean-Jacques Debout, et l'avait d'ailleurs enregistrée après. En même temps, Montand lui avait refusé "Le temps du lilas", et Colette Renard "Dis, quand reviendras-tu?"... Oui, mais c'est Cora Vaucaire qui l'avait créée et enregistrée avant elle, puisqu'elle se produisait aussi à l'Ecluse. En fait, Barbara avait un public plutôt confidentiel, et cherchait une audience à travers des gens plus connus. Jusqu'à "Dis, quand reviendras-tu?", elle ne passait pas sur les radios, qui se préoccupaient surtout des yé-yés. Je l'ai donc rencontrée au moment où Claude Dejacques venait de l'arracher à Odéon (CBS) pour la faire signer chez Philips, en emportant avec elle "Nantes" dont la première version n'avait pas marché. Dejacques était plus à l'affut des tempéraments, des personnalités que des modes ou des courants musicaux… Quel a été l'apport de Claude Dejacques à Barbara en ces années cruciales? Il l'a littéralement fait naître, l'a amenée à se structurer elle-même dans une forme d'expression en studio que personne ne lui avait jamais proposée. Jusque là, quand elle quittait son piano de l'Ecluse, elle était très contrainte par les orchestrations, les indications des ingénieurs du son etc. Lui, il l'a comprise, et au lieu de la sortir de son atmosphère, il l'a laissée à son piano, et l'a entourée en séance de musiciens comme François Rabbath, puis Pierre Nicolas, Joss Baselli, Michel Portal qui improvisaient sur ses chansons... En fait, il lui a permis de jouer avec le micro, le piano, les musiciens, dans un décor encore plus intime qu'à l'Ecluse, lui a créé un espace de liberté où elle était chez elle, et elle s'est aperçue qu'elle pouvait faire passer à son public toute son intimité sur une bande enregistrée (du quatre pistes, à l'époque). Elle chantait carrément dans le noir avec juste ce qu'il fallait pour suivre, et puis avec des grilles d'accords, pas des arrangements écrits, et tout le monde improvisait. Les chansons ont donc eu plusieurs versions, ensuite on faisait des choix. Dans le cas de " Sans bagages " que nous avons écrite ensemble, elle a même cassé la gravure pour refaire le disque avec une autre version. C'est un peu ce que vous avez fait vous-même quelques années après avec Charles Dumont. Ses chansons sont donc devenues des "climats"... Elle a inventé un mode d'expression, qui correspondait parfaitement à sa propre définition d'elle-même: "Je ne suis pas une chanteuse, je suis une femme qui chante". Le plus bel exemple en est la chanson "Pierre" qui raconte l'histoire d'une femme qui attend un homme et où Michel Portal improvise vraiment au saxophone avec elle... Mais ce n'était pas si évident que ça. Quand nous avons terminé cet album, Louis Hazan, PDG de Philips, m'a dit: "On a signé ce disque, mais je ne sais pas ce qu'il faut en penser"... A-t-elle tout de suite pris conscience de ce virage? Elle l'a compris en découvrant... comment les gens la découvraient. Son problème a toujours été de recréer son ambiance, son intimité sur scène, d'où ses répétitions très longues pour " sentir le plateau ", son rapport particulier à son piano, aux loges, voire à son tabouret qu'on a transporté dans toute la France! Et il n'était pas question que quiconque s'asseoie dessus! En plus, elle était gauchère, son piano à queue était donc à l'envers sur scène, ce qui l'obligeait à exposer au public le côté droit de l'instrument, plus ingrat. Dans la salle, à Bobino, il y avait des places maudites, devant, où les gens voyaient ses pieds s'agiter sur les pédales (rire)! Cela modifiait aussi la position des musiciens autour d'elle. A l'origine de ce changement, il y a donc des rencontres, mais aussi, j'imagine, des motivations intimes. Pourquoi soudain cette réussite après ces longues années de cabaret ? Après toute cette attente, il y a eu dans sa vie des moments forts qui ont débloqué l'écriture, cette charge émotionnelle qu'elle portait en permanence. Car elle n'avait pas une démarche abstraite de créatrice: il fallait que ce soit ancré dans sa vie, ses chansons sont vécues, et il a fallu des choses déterminantes et très douloureuses pour que "ça sorte", comme un cri. Mais ses premières chansons, "Attendez que ma joie revienne", "Ce matin-là" etc, étaient tout aussi fortes émotionnellement, même si elles touchaient moins de monde. Si elle avait pu enregistrer "Ce matin-là" ou "J'entends sonner les clairons" -sur laquelle tout le monde s'est trompé- dans les mêmes conditions que la suite, ces titres seraient allés beaucoup plus loin. Mais ce sont toujours des histoires de vie, des chansons vécues. D'où d'ailleurs des situations inattendues: un soir, une dame vient lui dire que " Nantes " était superbe, mais qu'elle n'avait pas retrouvé "le petit sanglot qu'elle avait sur le disque". Et Barbara, placide: "Que voulez-vous, Mademoiselle, on ne peut pas enterrer son père tous les jours!" (rire). "Nantes" est justement le détonateur de cette mutation, une chanson sur la "mort du père" qui a mis quatre ans à naître. Quel souvenir en gardez-vous ? Elle n'arrêtait pas de la réécrire, même aux répétitions des "Mardis des Capucines" où elle devait l'interpréter. Je la revois assise dans la salle avec son paquet de feuilles et son feutre (c'étaient les premiers feutres) en train d'écrire et réécrire sur une douzaine de feuillets "Nantes" qu'elle allait répéter: elle en changeait un mot, une virgule, l'ordre des couplets. Elle faisait, elle défaisait, tricotait littéralement ses chansons. Il lui arrivait souvent de réécrire ou réinventer une chanson sur scène. Mais, même pour nos oeuvres communes, je n'ai pas vu naître ses chansons, à part "Sans bagages". C'est elle qui vous a amenée à écrire ? Non, mais à me rendre compte que ce que j'écrivais, c'était potentiellement des chansons. Un jour, je lui ai donné le texte de "Quel joli temps", qu'elle a mis en musique et qui reste notre plus belle chanson: le passage harmonique du couplet au refrain, c'est tout Barbara! Puis il y a eu "Les mignons", "Toi l'homme", "Tous les passants s'en sont allés", "Sans bagages". De temps en temps, elle ajoutait des onomatopées, comme si elle "n'arrivait pas à quitter la chanson". Elle répétait toujours: "La chanson, c'est une conversation". Ensuite est venu l'album "Le mal de vivre" avec notamment "Une petite cantate"... C'était pour elle une période difficile: Liliane Benelli, la pianiste de l'Ecluse avec laquelle elle avait composé, était morte à 26/27 ans dans le fameux accident de Serge Lama et du frère d'Enrico Macias. Nous avons appris cela à Chalon-sur-Saône, où Barbara chantait à la Halle aux Grains. La "Petite cantate" est dédiée à cette jeune femme. Le triomphe de Barbara ne fut pas un triomphe heureux, parce qu'il y eut d'autres douleurs comme celle-là dans sa vie, des suicides... Et puis, à chaque fois que quelque chose marchait bien, elle avait extrêmement peur de la suite, de ne pas rester à ce niveau. Il fallait alors la maintenir à bout de bras pour surmonter l'effet du succès. Peut-être parce qu'il avait été long à venir? Elle avait aussi beaucoup de problèmes avec son physique, son image, alors que, curieusement, elle est magnifique sur les photos de l'époque... C'étaient quand même les années Bardot, Marilyn, Martine Carol, et elle n'était pas dans les " physiques à la mode ", tout comme Marlène Dietrich détonnait au départ. Et bien sûr Gainsbourg, qui tourna d'ailleurs avec elle en 1965, mais pour un homme, c'est différent. Elle a eu un mal fou à s'accepter et à se faire accepter. Elle me réveillait à trois heures du matin pour me demander: "Et si je me faisais refaire le nez?". Et puis, elle avait beaucoup changé: quand je l'ai connue, c'était une grande femme plutôt grosse, et en 1962/63, au moment du premier album, elle a vraiment maigri. Est-ce que les premières chansons d'Anne Sylvestre, avec laquelle vous travailliez aussi, lui avaient ouvert la voie ? Non, Anne avait une écriture intellectuelle, et les intellectuels récusaient Barbara, car ils ne trouvaient pas ses chansons suffisamment écrites. J'avais un mal fou à la faire se produire dans les concerts des grandes écoles, par exemple. Si elle ne s'est pas exprimée plus tôt, c'est qu'elle avait le piano plus facile que la parole: l'expression musicale passait chez elle avant l'expression orale, elle trouvait des mots qui allaient avec des notes. Tout passait donc par le piano, qui était d'ailleurs lié à un choc terrible dans sa vie: sa mère, qui était joueuse, avait vendu un jour son piano pour payer ses dettes, et elle avait vu les déménageurs emporter comme ça son instrument ! A propos d'émotion, ses disques d'alors restent irrémédiablement liés pour nous à des mots comme la solitude, la nuit, l'insomnie. Qu'en était-il vraiment dans la vie ? Elle était profondément et irrémédiablement solitaire, parce que très exigeante avec les autres, mais c'était une solitaire entourée. C'était un être composite, avec des hauts et des bas, en quête d'une sorte d'absolu, qui voulait ne jamais être décue et faisait de tout une affaire passionnelle. Quand je l'ai quittée, à la fin 1965, elle a vécu cela comme une trahison, menaçant même de ne plus chanter (rire)! Nadine Laïk, que j'avais engagée comme secrétaire, a pris alors le relai, avec Marie Chaix comme secrétaire particulière de Barbara, et je suis entrée comme directeur artistique chez CBS. Mais c'est aussi l'une des femmes les plus drôles que j'aie rencontrées: elle avait un humour assez ravageur, créait des situations qui n'engendraient pas la mélancolie! Par exemple, quand elle commençait à s'ennuyer dans un restaurant, elle s'inventait de temps en temps... un chien imaginaire qu'elle appelait Jean-Pierre! D'abord, elle laissait tomber ses couverts pour que le maître d'hôtel vienne les changer, et puis soudain, elle s'exclamait: "Jean-Pierre! Où est passé ce chien?", et se mettait à le chercher partout, suivie par tout le monde. Personne n'avait vu de chien, et pour cause: il n'y en avait pas! Ou bien, elle demandait à boire pour Jean-Pierre! Un jour qu'on s'était fait embarquer dans une réception après un concert à Rennes avec Serge Reggiani, et que manifestement tout le monde s'ennuyait, elle s'est mise à chercher le fameux Jean-Pierre au milieu des invités, Reggiani a commencé à ... faire le chien à quatre pattes et à aboyer, en attrapant au vol des cacahuètes, et on s'est tous défilés au milieu d'une assemblée franchement hostile! Elle avait aussi la passion, voire la manie des objets, ce que Marie Chaix appelait son "bric à brac", ses lunettes, les boîtes de zan etc... Et ses manchons! Barbara avait alors des manchons pleins de choses, comme cet objet en forme d'os pour réchauffer les mains des musiciens. Quand elle chantait quelque part, elle partait de chez elle avec des sacs incroyables, des quantités d'objets qu'elle installait dans sa loge, où elle vivait carrément. A son premier Bobino avec Brassens, elle avait même fait refaire sa loge! Et bien sûr, tout le monde y était interdit avant le spectacle ou pendant l'entr'acte. Mais c'est à Rémusat qu'elle s'est vraiment vraiment épanouie: je me souviens de pleins de petites boîtes qui contenaient toutes des mots d'amour qu'on lui avait envoyés... D'autres souvenirs des "années Rémusat" ? C'est elle qui m'a appris à soigner les roses coupées. Les fleurs qu'on lui offrait comptaient beaucoup pour elle (au contraire de Piaf ndlr): si les roses avaient souffert de la chaleur dans sa loge, elle les mettait une nuit entière allongées dans sa baignoire, les changeait d'au et les taillait tous les jours en biseau avec un rasoir. Puis, comme elle détestait s'en séparer, même fanées, elle les suspendait la tête en bas et gardait le bouquet sec pendant des lustres. C'est aussi elle qui a choisi mon parfum, le Mitsouko de Guerlain. Je le porte toujours". Propos recueillis par Pierre Achard Atypiques, passeuses et autres contrebandières ACI: trois petites lettres un peu barbares qui ont changé depuis trente ans la face du disque, et ont permis aux filles de se rattraper en prenant la plume et la parole, après avoir chanté pendant des années celle des hommes au féminin. Jusque-là, Monsieur écrivait, Madame interprétait, et voilà pourquoi votre fille était muette, comme dit le proverbe. Mais parallèlement aux " pionnières " évoquées ci-contre, des années Barbara / Sylvestre / Hardy aux années Sanson / Lara / Belle / Mayereau, puis Farmer / Mas / Caplan / Tell / Foly etc. , et aujourd'hui Zazie / Maurane / Rivière and co, il est une foule de carrières de fonds, petits destins ou grandes ambitions, qui jalonnent la chanson féminine de ces trente dernières années. Les évoquer toutes est quasi impossible (il y faudrait un livre, à écrire d'ailleurs !), mais citons ici quelques figures "atypiques", qui, d'hier à aujourd'hui, ont creusé leur (micro) sillon ou brûlé les planches à leur façon, donné quelques lettres de noblesses au livre d'or du fameux " art mineur pour des mineures " prôné par Gainsbourg, en affirmant bien haut leur différence, qu'elles soient diseuses ou chuchoteuses, crooneuses ou amuseuses, rockeuses ou rapeuses. Cas d'espèce comme Colette Magny, qui quitta à 36 ans l'Unesco pour débuter à la Contrescarpe (!), passer à la télévision avec le Petit Conservatoire (!!) et à l'Olympia 63 en première partie de... Sylvie Vartan (!!!), avec déjà à son actif l'œuvre de sa vie, "Melocoton", bouleversant negro-spiritual made in France. Après ces débuts spectaculaires (elle ne passait pas non plus physiquement inaperçue), elle poursuivit une carrière quasi expérimentale, sinon militante, tant sur le plan de la forme (chansons-montages, collages sur free-jazz) que des idées (textes sur Cuba, le socialisme, la révolution, reprises de Louis Labé, blues-actualités, concerts dans des usines pour les grévistes...), et fut sur de nombreux plans une novatrice, boudée par bien des médias. Ici, pas de différence entre personnage et (forte) personnalité, vie de femme (engagée) et vie d'artiste. Catherine Ribeiro, Mama Béa (Tékielski) s'inscriront à leur façon dans la même mouvance, avec des textes musclés chantés à l'estomac, des reprises de poètes (Prévert...) et d'artistes (toutes deux prêteront leur voix à Piaf), et feront parfois les frais de cette différence. Les passionnarias font peur dans la profession, même et surtout si elles la font bouger. Autre cas d'espèce, tant par son look que par son œuvre, Brigitte Fontaine, éternelle martienne du show-business, a fait aussi éclater les structures de la chanson classique en mêlant jazz, musique berbère et inventions verbales, et cultive depuis 30 ans la même folie douce, et la même fidélité à son compagnon de route et de musique, Areski Belkacem. Une ténacité récompensée puisque son dernier disque ("Genre humain") fut un événement. Quant à Sapho, autre mélangeuse de genres devant l'éternel jaillie aussi du Petit Conservatoire et quasi inclassable, puisqu'elle est à la fois auteur, compositeur, interprète, romancière, dessinatrice, elle incarnera bien avant que cela ne soit à la mode le métissage des cultures (elle est au confluent de trois civilisations), des musiques et des mots (dont elle joue volontiers), créant un langage rock bien à elle, volontiers théâtralisé, qu'elle accompagnera d'un réel engagement de femme, sans céder au féminisme pour autant. Une superbe écriture nourrie des meilleures lectures, par-delà un look perçu par certains comme excentrique mais réellement original, dans un pays par trop cartésien où l'on aime bien étiqueter les artistes, et les individus en général. Les mots, Juliette en raffole aussi, quand ils sont signés Pierre Philippe, ex-parolier de Jean Guidoni et réalisateur: avec son physique, son répertoire dans la grande tradition, elle tranche heureusement sur tous les us et coutumes du métier, faisant même ses débuts télévisés à... "Bouillon de Culture", mais cela lui réussit plutôt, puisqu'elle accumule Victoire, Prix Charles Cros et un beau succès scénique. Citons enfin dans cette galerie cosmopolite et talentueuse Françoise Kucheida, une fière nordiste dirigeant un cabaret à Liévin, qui publiera son premier album à... 50 ans chez Saravah, avec des reprises du répertoire, et décrocha aussi le Prix Charles Cros, signe distinctif entre tous pour un chanteur. Car toutes ces femmes de paroles sont à leur façon et à leur corps défendant, dans le conformisme ambiant du métier, d'"immenses provocatrices" comme eût dit Ferré, et l'on serait tenté de rajouter ici Anna Prucnal et Ute Lemper, petites cousines européennes de Diane Dufresne, des interprètes dont la démesure et la différence s'inscrivent dans la lignée des Marianne Oswald, Yvonne George... véritables recréatrices de chanson, à défaut d'être toujours auteurs. De Magali Noël à Valérie Lagrange, de Gribouille à Danielle Messia, de Catherine Le Forestier à Lucid Beausonge, d'Anne Vanderlove à Marie-Josée Vilar, de Claire à Michèle Bernard, de Christine Sèvres à Jeanne-Marie Sens, d'Armande Altaï à Élisabeth Wiener, de Sophie Makhno à Louise Féron, de Véronique Rivière à Clarika, d'Élisabeth Anaïs à Élisabeth Depardieu et Elisa Point, la chanson féminine francophone regorge en effet de voix différentes, de plumes à part et de notes particulières, qui n'ont pas toujours trouvé LE public (comme on disait naguère), mais fort heureusement leur public (bien plus fidèle), et recèlent des trésors de verve, d'invention et à l'occasion de subversion insidieuse. Puisse le métier et les médias ne pas l'oublier (ou le redécouvrir), et donner un jour à toutes ces paroles de filles qui dorment, brillent parfois dans l'ombre et attendent leur heure dans nos discothèques, la place qui leur revient, en les rééditant et les rediffusant d'urgence. Qui se souvient par exemple des "Réflexions d'un gros chat noir un mardi soir", superbe titre à la Lewis Carroll de Jeanne-Marie Sens (qui écrivit nombre de succès avec Jean-Pierre Castelain), des "Églantines sont peut-être formidables" d'Areski / Fontaine, des "Roses barbelées" de Gribouille, de "Mes bouquets d'asphodèles" de Marie Laforêt, de "L'île aux mimosas" de Barbara, du "Géranium" d'Anne Sylvestre pour ne vous parler qu'avec des fleurs de chansons dont les titres eurent d'ailleurs ravi Colette? La " chanson de femme " -tout sexisme mis à part -reste décidément un genre à redécouvrir d'urgence, avec -pourquoi pas ? -une collection particulière à inventer, où petits destins et grandes figures, passeuses de spleen, contrebandières du verbe et autres chanteuses buissonnières, se côtoieraient dans le plaisir des mots et le secret des nuances. Muses, Egeries, Pygmalionnes Si la femme est, selon le poète, l'avenir de l'homme, elle est encore plus souvent le quotidien du poète, tour à tour muse, égérie, découvreuse, amante, et même parfois mante religieuse, lorsqu'elle s'en va taquiner d'autres plumes sous de nouvelles lunes. Il n'empêche: dans l'imaginaire collectif, pas plus de Joseph Von Sternberg sans Marlène Dietrich, d'Aragon sans Elsa, de Dali sans Gala, de Serge sans Jane, de Gary sans Seberg, de Vadim sans BB, de Sartre sans Beauvoir, de Renault sans Barrault, De Renaud sans Gasté que d'Orphée sans Eurydice, même si certaines "moitiés" se sont faites formidablement discrètes (cf. Brassens et Püpchen) ou ont été éclipsées par la carrière qu'elles avaient contribué à construire: cf. Eddie et Nicole Barclay. Rappelons simplement ici celles qui, par-delà leur propre chemin de chansons, se sont employées à révéler d'autres artistes: Patachou, qui interpréta et lança Brassens en 1952 dans son cabaret de la Butte Montmartre (où elle découpait aux ciseaux les cravates de ses clients fortunés!), Renée Lebas, qui, parallèlement à sa carrière, révéla Serge Lama et Régine, Michèle Arnaud, récemment disparue, qui en fit autant dans ses disques avec les auteurs que dans ses émissions avec les chanteurs ("Chez vous ce soir", "Les Raisins verts" avec Averty), en promouvant quelques iconoclastes comme Boby Lapointe ou poètes comme Guy Bontempelli, Sophie Makhno, évoquée plus loin, qui " redécouvrit " Charles Dumont, Mya Simille, dea ex machina de Dick Rivers, et, bien sûr notre mère et grand-mère à tous, Mireille qui disait reconnaître les artistes " à l'œil " et passa tant de talents en herbe (Françoise, Alice, Claude, Michel, Pascal etc. ) au filtre de ses émissions qu'on lui doit une bonne partie des vedettes contemporaines. Certaines, évoquées plus loin, en firent même profession, de Monique Lemarcis (qui eut, entre autres multiples coups de cœur, une véritable intuition de Julio Iglesias) à Denise Glaser, bonne fée de Barbara et Catherine Lara, de Jacqueline Herrenschmidt produisant Renaud et Sheller débutants à Florence Aboulker propulsant Patrick Juvet à l'Olympia, de Rachel Breton éditant Jean-Jacques Debout à, plus près de nous, Varda Kakon révélant Dany Brillant. Sans parler des coups de foudre professionnels et de ces nouveaux pygmalions que furent Serge Gainsbourg, Michel Berger, et auparavant Loulou Gasté, avec leurs égéries et néanmoins moitiés... On ne saurait enfin passer ici sous silence, fût-ce fugitivement, toutes celles qui, en choisissant un auteur ou compositeur, surent aussi bien l'inspirer que l'exprimer, et lui donner à leur tour la parole à la première personne: Patachou et Brassens, déjà cités, Catherine Sauvage et Léo Ferré, Juliette Gréco et Serge Gainsbourg, Béart, Brassens etc. , Pia Colombo et Maurice Fanon, Diane Dufresne et Luc Plamondon, tout comme, côté chanteurs, Mistinguett avait lancé Chevalier et Piaf Montand -voire Aznavour-, Madeleine Ferré son mari etc. Derrière le chanteur, cherchez toujours la femme: si une muse peut parfois en cacher une autre, il n'est sûrement pas d'artiste sans égérie, même secrète, pas plus qu'il n'est de ciel sans étoile, même filante. "LA BARBARA QUE J'AI CONNUE": http://www.lalalala.org/ Janvier 2007 Sophie Makhno, auteur et interprète, fut de 1963 à 1966 la secrétaire de Barbara, pour laquelle elle écrivit en outre cinq textes. En 2003, elle a publié un livre de souvenirs intitulé La Barbara que j'ai connue. On pouvait craindre qu'il ne s'agisse, comme souvent avec ce genre de livre, d'une tentative de profiter du rayonnement d'une vedette - sans compter le ton hagiographique qui compromet presque tout ce qui s'écrit aujourd'hui sur Barbara. Didier Dahon Je Chante! - N° 30 - Avril 2005 LIVRES Elle l'avait dit, au micro de José Artur notamment (9 janvier 2002): "On m'a posé la question deux mille fois, je n'écrirai jamais un livre sur Barbara." A première vue, donc, elle s'est reniée. A première vue seulement: La Barbara que j'ai connue n'est ni une étude ni une biographie, encore moins une quelconque somme fouillant ces années 1963 à 1966 durant lesquelles Françoise Lo (le véritable nom de l'auteur) fut à la fois la secrétaire et la "femme à tout faire" - y compris des chansons - de Barbara. Bernard Merle Jukebox Actualités par Jean-William THOURY. N° 212 JANVIER 2005 "De 1963 à 1966, Sophie Makhno collabore avec BARBARA (1930-1997), assistante, parolière (5 chansons) et amie. De ses souvenirs, elle tire "La Barbara que j'ai connue", photos de Jean-Louis Dumont, conception graphique Sophie Lo, préface de Christian Eudeline (140 pages, reliure spirale - 35 € pc) - Makhno Infopro - 26 rue truffaut, 75017 PARIS )
SOPHIE MAKHNO alias Françoise Lo, qui a managé Barbara au milieu des années 60 et a même signé quelques textes avec elle, a publié un livre « La Barbara que j'ai connue », suite à ses retrouvailles (orchestrées par Platine) avec le photographe Jean-Louis Dumont qui avait suivi la chanteuse de minuit de 1964 à 1966. Il en est né un superbe ouvrage de souvenirs agrémenté de superbes clichés de la Dame en Noir, et surtout mis en page avec beaucoup de goût par la fille de Sophie Makhno, Sophie Lo. Pour l'heure cet ouvrage ne peut être commandé que par correspondance, en écrivant à Sophie Makhno, 26 rue Truffaut, 75017 Paris. Tele Magazine N° 2563 du 18 au 24 décembre 2004 "LIVRES A OFFRIR POUR NOÊL" "LA BARBARA QUE J'AI CONNUE" L'auteur fut la collaboratrice de la chanteuse Barbara pendant plusieurs années.Elle raconte, au-delà de l'artiste, la femme qu'elle a connue et lui rend un magnifique hommage. L'ouvrage est illustré de trente photos inédites, prises par Jean-Louis Dumont, de 1963 à 1966. LE MIDI LIBRE PARISCOPE – Paris – Ile de France France Dimanche Semaine du 26 novembre au 2 décembre Mais Sophie Makhno était aussi chanteuse et auteur. Elle a d'ailleurs écrit les deux tiers des textes de Charles Dumont. Paris Paname - Le Magazine Gratuit Parisien Mercredi 10 Novembre 2004 N°1272 Le Coin des Libraires Assistante et femme d'affaires de la Longue Dame Brune de 1963 à 1966, Sophie Makhno a également écrit cinq chansons pour Barbara. Aujourd'hui, elle lui rend hommage dans cet ouvrage, illustré de photos inédites de Jean-Louis Dumont. « Que dire de Barbara, dans l'océan des mots qui ont cherché et cherchent encore à la raconter, à la traquer, à la définir, à la décrypter ? Qu'elle était tout, excessivement. (…) Autant dire qu'elle échappait et qu'elle échappera toujours à toute définition. » Tele Poche du 27 novembre au 3 décembre Non je ne regrette toujours rien [Broché] Broché: 256 pages Présentation de l'éditeur: « La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit. » Le général MacArthur Après trois entrevues ratées avec Édith Piaf, le 5 octobre 1960, la rencontre, la vraie, déroutante et décisive, se produit enfin. Cette rencontre-là est une naissance. En trois ans, il composera pour Mme Piaf quarante titres − un record −, dont ses plus beaux succès : Non, je ne regrette rien, Mon Dieu, Les Amants, Les Flonflons du bal, etc. De ses jeunes années passées à Cahors, puis à Toulouse, Charles Dumont conserve un tendre souvenir. Attentif, son père sait étonnamment l'entendre et l'écouter. Alors que Charles s'ennuie à l'école, il lui insuffle l'enthousiasme pour la vie sans jamais s'ériger en moralisateur. À l'adolescence, « Charlou » monte à Paris, à la conquête du possible ! Promis à une carrière de musicien à la Garde républicaine, il voit son destin bouleversé : un accident l'oblige à renoncer à jouer de la trompette, son instrument de prédilection, mais pas à la musique qu'il compare à « une inconnue divine et surnaturelle. Un cadeau du ciel ». Des cadeaux, le ciel lui en offrira d'autres…
Encyclopedie de la Chanson Francaise Sous la Direction de Gilles Verlant. Publication: Editions Hors-Collection 1997
"Il etait une fois la Chanson Francaise - des origines a nos jours" de Marc Robine - Editions Fayard/Chorus - 2004
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